Québec bannit les cellulaires dans toutes les écoles des la rentrée
QUÉBEC, 1er mai 2025 — À compter de la prochaine rentrée scolaire, les cellulaires, écouteurs et autres appareils électroniques personnels seront interdits sur l’ensemble du terrain scolaire, dans toutes les écoles primaires et secondaires du Québec, qu’elles soient publiques ou privées. Cette décision, annoncée officiellement par le ministre de l’Éducation Bernard Drainville, marque un tournant majeur dans la gestion du numérique en milieu scolaire.
L'information, initialement révélée par Radio-Canada puis confirmée par La Presse canadienne jeudi matin, fait suite aux recommandations de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur les jeunes, qui avait déposé son rapport provisoire le 22 avril dernier.
La nouvelle directive élargit l’interdiction déjà en vigueur depuis janvier 2024 dans les salles de classe. Désormais, les appareils devront être rangés du début à la fin des cours, y compris pendant les pauses, les périodes de dîner, et sur l’ensemble du terrain scolaire.
Chaque école pourra adapter l'application de la mesure
Selon le ministre Drainville, chaque établissement scolaire sera libre de déterminer les modalités concrètes de mise en œuvre de cette interdiction. « On agit maintenant. On ne peut pas laisser passer une autre année scolaire », a-t-il justifié, en évoquant l’unanimité des membres de la Commission et le besoin d’un signal fort.
En parallèle, une nouvelle règle sur les usages linguistiques entre élèves et personnel scolaire entrera en vigueur : le vouvoiement deviendra la norme, et les élèves devront désormais utiliser les termes « Monsieur » et « Madame » pour s’adresser au personnel enseignant. Une mesure visant, selon le gouvernement, à restaurer le respect et les rapports formels dans les écoles.
Un appui transversal à l’Assemblée nationale
L’initiative du gouvernement a reçu un appui unanime des partis d’opposition. Le Parti québécois, qui avait fait de cette question un enjeu prioritaire dès 2023, a salué ce qu’il considère comme un « revirement complet » du gouvernement.
« C’est bénéfique que les jeunes puissent se reconnecter entre eux, sans écran », a déclaré la députée péquiste Catherine Gentilcore. Du côté libéral, Marc Tanguay, chef intérimaire, a souligné l'importance de rétablir l'équilibre entre identité numérique et réelle. « Lâchez vos téléphones et socialisez! », a-t-il lancé.
Québec solidaire, par la voix d’Alexandre Leduc, a aussi applaudi la mesure tout en exprimant une inquiétude quant au peu de temps laissé aux écoles pour s’adapter d’ici la rentrée.
Un fort soutien du personnel enseignant
Les enseignants sont également largement favorables à la nouvelle politique. Un sondage mené par la FSE-CSQ révèle que 76 % des enseignants appuient l’interdiction des cellulaires à l’école. « Les profs veulent moins de distractions et plus d’implication des élèves dans leur milieu », a indiqué le président Richard Boivin, par voie de communiqué.
La présidente de la Commission spéciale, Amélie Dionne, rappelle que des centaines de jeunes ont été entendus, et que la majorité d’entre eux appuyaient cette décision, conscients des impacts négatifs des écrans, notamment sur le stress et les cas de cyberintimidation, souvent amorcés en milieu scolaire.